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Loterie Nationale : Il n’y a pas un bon et un mauvais jeu 

Le gouvernement belge a limité la publicité pour les jeux de hasard et d’argent proposés par les opérateurs privés, avec des restrictions importantes. A partir de 2025, ces limitations imposées aux casinos en ligne commenceront aussi à concerner le sponsoring des clubs sportifs. Question : pourquoi les jeux proposés par la Loterie Nationale épargneraient-ils plus les joueurs que les jeux en ligne ? Parce que monopole d’Etat ? Il y aurait dès lors un « bon » et un « mauvais » jeu ? Explications. 

Une iniquité flagrante 

Une augmentation du nombre d’addicts aux jeux d’argent en ligne par rapport au nombre d’annonces de jeux de casino en ligne ne peut être étayée par des chiffres. En l’absence d’études prouvant cette corrélation, des conclusions ne peuvent être tirées. Rien ne garantit qu’en l’absence de publicité, les joueurs en ligne ne joueront plus. A l’inverse, ce n’est pas forcément un mauvais signe que l’on joue plus chez les prestataires légaux. La publicité est même nécessaire en raison des objectifs de canalisation, soit faire en sorte que les personnes qui souhaitent jouer en ligne le fasse dans un environnement légal et sûr. La protection des joueurs la meilleure, particulièrement pour protéger les groupes les plus vulnérables, demeure l’offre légale de jeux en ligne

De plus, la Loterie Nationale ne se limite plus à l’organisation de loteries. Son contrat de gestion prévoit également l’organisation de paris, concours et jeux de hasard. Etablie en société anonyme, elle fonctionne dans la pratique comme une entreprise normale qui fait du chiffre, à l’exception du fait que l’Etat constitue son seul et unique actionnaire. À l’heure actuelle, il existe pourtant une différence d’obligations entre la Loterie Nationale et les opérateurs privés. Cette différence d’approche est incompréhensible.  

Une publicité nécessaire 

Le gouvernement argumente, entre autres,  que la Loterie Nationale est une sorte de service public du jeu au service de la société civile sous forme de subsides ou de sponsorings. L’argument ne tient pas la route en termes de prévention. Il n’y a pas de bons et de mauvais jeux d’argent en ligne selon qui fournit le service pour des produits somme toute similaires. Sous l’angle du consommateur, quand on vend de l’alcool, on vend de l’alcool. Quand on vend du tabac, on vend du tabac. Et quand on vend des jeux, on vend des jeux. C’est de la pure hypocrisie. Six boules qui sortent ou un billet à gratter, c’est du jeu. Il y a juste une responsabilité collective, ce qui implique que les règles soient les mêmes pour tous. C’est une question d’éthique et c’est la seule manière d’éviter les dérives. 

« la publicité est nécessaire afin d’orienter les consommateurs vers le jeu légal, contrôlé et sûr », précise, la Belgian Association of Gaming Operators (BAGO), selon laquelle « l’interdiction de publicité conduirait à des dérives, comme en Italie où l’on a observé une croissance du secteur illégal pouvant aller jusqu’à 50% de 2019 à 2021 ». 

Et les assuétudes ? 

Le législateur joue actuellement sur l’interprétation de la loi pour discriminer. Or, que ce soient les jeux de la Loterie Nationale ou ceux proposés par des opérateurs privés, cela reste des jeux d’argent. L’interdiction totale de la publicité pour les jeux de hasard et d’argent proposés par les opérateurs privés tuera non seulement ces derniers, mais mettra aussi en difficulté de nombreux médias, sans plus-value véritable en termes de canalisation du jeu à risque, tout en renforçant la situation de quasi-monopole de la Loterie Nationale. Comment expliquer en effet que les divers jeux de la Loterie se retrouvent dans un nombre toujours plus étendu de points de vente, en ce compris les supermarchés ? Les opérateurs appellent à de la cohérence pour préserver un jeu responsable