JO 2024 : restreindre la publicité n’empêchera pas les paris sur les compétitions sportives de haut niveau

Plus de 100.000 joueurs actifs sont sujets à un trouble du jeu en Belgique. Pour lutter contre l’assuétude, faut-il pour autant interdire toute forme de publicité ? Avec quelle efficacité ? Flash-back. L’Euro 2020 avait été vivement critiqué pour son soi-disant « matraquage publicitaire ». Ce pourquoi, des actions à l’internationales avaient été mis en place juste avant la Coupe du monde au Qatar visant à contenir la communication commerciale, mais sans grand succès. Les JO de Paris seront le prochain grand rendez-vous pour les paris sportifs. Une régulation de la publicité ne louperait-elle pas à nouveau sa cible ? On fait le point entre le but à atteindre et les moyens.

Que ce soit pour les amateurs de paris sportifs réguliers ou pour les joueurs en ligne occasionnels, les JO sont un événement sportif incontournable. Chaque édition s’impose aussi, le temps de sa durée, comme étant l’Eldorado financier espéré. Etant donné la multitude de sports qui entrent en compétition sur une courte période, de nombreux parieurs, amateurs de compétitions sportives, en profitent pour tenter leur chance en ligne.

Compétitions et paris sportifs

Statistiquement, le secteur des jeux de hasard tourne à plein régime spécialement lors de grosses manifestations sportives comme l’Euro 2020, le Tour de France ou les JO de Tokyo. Les JO de Paris en 2024 ne feront certainement pas exception au phénomène. Comme à Tokyo, des sports atypiques seront proposés tels que l’escalade, le surf et le skateboard. Pour les parieurs, le tennis demeure toutefois la discipline qui talonne le football, en première position, juste avant le basket, troisième au classement. Enfin, les bonnes performances inattendues dans certaines catégories dopent aussi les mises des joueurs en ligne sur des sports habituellement délaissés par les parieurs.

Durant ces compétitions internationales, qu’en est-il de leur impact sur les joueurs en Belgique ? Selon la Commission de jeux de hasard (CJH), en 2020, le nombre de joueurs s’élevait en moyenne à 113.000 joueurs par jour. Lors de l’Euro 2020, ce chiffre est monté à une moyenne de 236.000 joueurs par jour, avec un pic à 283.000 joueurs. Cela fait-il pour autant de ces joueurs de futurs addicts ? Dans les pages Le Vif, Magali Clavie, la Présidente de la commission des jeux de hasard (CJH), l’organe de régulation du secteur, déclarait alors : « la plupart des joueurs qui jouent pendant l’Euro ne restent pas. Il y a un doublement de joueurs, mais ça ne veut pas dire qu’on va les garder. Certains vont partir en vacances et oublier. Mais c’est vrai qu’on en garde toujours un peu ».

La politique de « jeu responsable »

Dans ce contexte, prohiber l’essentiel des publicités pour les jeux de hasard soulève beaucoup de questions, essentiellement au motif que l’interdiction raterait son but, soit combattre le jeu pathologique auprès des publics les plus vulnérables, comme les joueurs à problème ou les jeunes. Les opérateurs privés de paris sportifs, à l’unisson, estiment aussi que réguler de manière excessive aboutit au résultat opposé à celui recherché et pousse les joueurs vers des plateformes de jeux illicites.

Trouver une médiane entre l’interdiction et le laisser-faire demeure complexe. D’un côté, les jeux de hasard et d’argent sont une source de profits pour l’Etat et les opérateurs et de l’autre, le jeu est une activité créant potentiellement des addictions comportementales. Ce pourquoi, la politique de « jeu responsable », un concept venu des Etats-Unis, demeure la seule notion qui actuellement fait consensus. Elle permet de réduire les risques d’addiction et à empêcher les clients de fuir vers les sites illégaux. Le joueur doit contrôler en toute conscience son activité de jeu d’argent en ligne. S’il sent que sa pratique dérive et que son jeu devient pathologique, c’est à lui de demander son exclusion temporaire ou définitive auprès de l’opérateur ou d’activer des freins, tels que la limitation des sommes versées ou du temps passé sur la plateforme de jeu.