Jeux d’argent et de hasard : le ban publicitaire est-il un frein à l’addiction. Pas sûr !

Pour atténuer les risques d’addiction et protéger les consommateurs dits vulnérables, de nombreux pays ont décidé de restreindre ou d’interdire la publicité liée aux jeux d’argent. En Belgique, le secteur se voit également imposer des restrictions importantes récentes. Les premières sont d’application depuis le 1er juin 2023. A partir de 2025, ces limitations commenceront aussi à concerner le sponsoring des clubs sportifs. Le ban publicitaire est-il vraiment efficace pour canaliser l’assuétude aux jeux d’argent et de hasard ? Encourage-t-il vraiment une prise de conscience ? Explications

Le premier objectif du ban publicitaire est de prévenir les risques liés à l’addiction aux jeux d’argent, notamment chez les jeunes et les personnes déjà fragilisées par des problèmes sociaux, psychologiques ou financiers. En restreignant l’exposition à la publicité, les autorités espèrent dissuader les individus les plus sensibles de tomber dans l’engrenage du jeu d’argent et de hasard excessif.

Notre cerveau n’aime pas le non !

Or, de nombreuses études sont réalisées sur le sujet. L’interdiction génère des comportements d’opposition. Elle est un facteur d’attractivité, surtout pour les jeunes. Transgresser l’interdit est tentant, tout simplement parce que d’abord, notre cerveau n’aime pas la négation et ensuite parce que l’interdit est source de satisfaction. C’est de la dopamine. L’idée que la transgression d’un interdit pourrait être une source de plaisir n’est d’ailleurs pas nouvelle. On le voit aussi avec les drogues, et particulièrement le cannabis. Les pays qui ont dépénalisé ont ainsi pu observer une diminution du nombre de consommateurs.

La sanction est un incitant

La balance bénéfices/risques d’une interdiction de toute forme de publicité penche clairement du côté de l’addiction aux jeux d’argent et de hasard. Pourquoi ? Parce que le jeu pathologique est une maladie et non une faiblesse ou un manque de volonté. Comme le toxicomane a besoin de sa dose, le joueur compulsif a besoin de jouer. C’est de l’ordre du vital. Un cerveau addict n’aime donc pas être privé. Le joueur compulsif frustré va donc continuer à jouer, voire augmenter sa pratique. En interdisant, on obtient ainsi le résultat opposé au but recherché. La loi agit en sens inverse de l’effet dissuasif puisqu’elle constitue de facto en elle-même une incitation. Un cadre légal répressif produit donc des joueurs.

Sensibilisation et auto-régulation

La stratégie du ban publicitaire est ainsi vouée à l’échec : supprimer toute forme de publicité produit des joueurs et déplace, en outre, le problème de l’addiction vers le circuit illégal, soit une offre non-régulée, alors que la publicité maintenait les joueurs dans un circuit légal favorisant un jeu responsable et une protection adaptée. La prévention est la meilleure carte à jouer pour éviter qu’un joueur ne devienne un jour un joueur pathologique. En outre, aujourd’hui, les joueurs de jeux d’argent et de hasard disposent aussi de nombreux outils de modération et d’auto-régulation pour garder le contrôle sur leurs activités, tels que des tests d’évaluation, des limites de dépenses ou encore des mécanismes de pause.

La conclusion est criante : il convient de privilégier la sensibilisation et la responsabilisation – plutôt que des logiques d’interdiction – en préservant un environnement sûr, contrôlé et régulé pour que le jeu reste pour tous un divertissement, soit juste un moyen de se faire plaisir.

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