Le poker peut-il être considéré comme un sport ?

Comptant des millions d’adeptes à travers le monde et véritable star des casinos en ligne, ses partisans veulent faire entrer le poker au panthéon du sport. Contrôle mental, endurance, stratégie, expérience, esprit de compétition, audace sont autant d’arguments qui plaident en sa faveur. Mais, d’aucuns voient plutôt le poker comme un simple jeu de cartes, où tout dépend majoritairement de la chance. Décryptage.

Préparation psychologique et endurance

Si les vrais maîtres n’ont pas peur de la dépendance au jeu, s’ils sont psychologiquement préparés pour une partie et peuvent quitter la table à tout moment, le poker peut-il être vraiment vu comme un sport ? Aussi improbable que cela puisse paraître, divers angles de réflexion laissent à penser par l’affirmative.

Le premier angle concerne l’effort de concentration fourni par un joueur de poker. Le jeu de cartes fait appel à des ressources mentales importantes et à une parfaite concentration. Il implique une technique et de la stratégie. Autour de la table, la chance seule ne suffira jamais, car il faut aussi savoir adapter son jeu en fonction de sa position et ceci n’est pas donné à tout le monde. C’est un talent que seuls les meilleurs joueurs professionnels parviennent à maîtriser. D’ailleurs, le simple fait qu’il y ait des joueurs meilleurs que d’autres entre en contradiction avec l’idée reçue selon laquelle le poker ne serait qu’un jeu dominé par le hasard.

Les vrais joueurs, les maîtres du jeu, lisent aussi constamment des livres spécialisés, regardent des tournois en ligne et travaillent sur leurs erreurs. C’est pourquoi, il y a des joueurs qui gagnent souvent au poker. C’est ce qui tendrait aussi à expliquer pourquoi de nombreux sportifs, retraités ou non, s’improvisent joueurs de poker. Certains se lancent même à l’assaut de grands tournois.

Enfin, en ce qui concerne l’aspect physique, les joueurs de poker sont d’avis que ce jeu nécessite de l’endurance. Même s’il ne s’agit que de s’asseoir autour d’une table, une partie peut durer des heures. Des heures au cours desquelles il faut maintenir son esprit en alerte.

Une certaine reconnaissance

Le premier de tous les pays à avoir érigé le poker au rang de sport est le Brésil en 2012. Cette même année vit la création de la Fédération Latino-Américaine de Poker, à laquelle ont adhéré la plupart des pays d’Amérique du Sud, ainsi que celle de la Confédération Panaméricaine de Poker Sportif, qui touche d’autres régions des Amériques. Le Mexique reconnaitra le poker comme un sport à part entière en 2017. L’Argentine mettra un peu plus de temps, mais le pays franchit finalement le cap en 2021. Désormais, tous les jeux et tournois dans ces pays sont organisés légalement.

Les JO, ce n’est pas pour tout de suite

Toutefois, pour les plus réticents, une dimension primordiale manque cruellement au poker. Il s’agit de l’adresse physique, cette capacité technique acquise grâce à de l’entraînement. Cela va bien au-delà des capacités physiques, de l’endurance ou de la compréhension des règles. De plus, les mêmes sceptiques estiment que le poker ne nécessite pas d’entretien physique et d’hygiène de vie irréprochable, comme c’est le cas pour tout sportif professionnel. Ce n’est pas pour rien que l’expression populaire « avoir une forme olympique » désigne une bonne condition physique.

Par ailleurs, le facteur chance, qui reste toujours élevé dans le poker, le pénalise grandement. La possibilité d’utiliser une stratégie et de compter sur des analyses n’efface pas cette tare. Faire un service ace au volley laisse très peu de place à la chance. Atteindre le cœur de la cible au tir à l’arc relève beaucoup de la maîtrise technique et de l’entraînement.

Il y a donc actuellement peu de chances qu’un jour le Comité International Olympique reconnaisse le poker en tant que sport olympique, même si, en 1999, il a reconnu le jeu d’échecs comme un sport, en le classant dans la catégorie « mind sport », jeu d’esprit.